Lundi le 6 février. Parc
transfrontalier Kgalagadi, Camp Nossob. Jour 38.
Nous avons encore entendu un lion rugir
la nuit dernière. Comme la nuit précédente d'ailleurs. Plusieurs
en ont vu dans ce parc réputé pour ça mais pas nous. Peut-être
aujourd'hui?
Nous partons vers 6h15 après un bon
café et prenons la route vers le nord qui nous mènera au Camp
Nossob situé à environ 130 km. À la vitesse permise c'est au
moins 4h30 de route. Pour nous ce sera certainement plus car nous
n'allons qu'à 30 km/h en moyenne vu que l'on essaie de voir le plus
d'espèces d'oiseaux possible aussi. La route suit tout le long la
rivière asséchée Nossob où pousse une végétation qui contraste
avec les dunes désertiques environnantes. C'est là que nous
observons tous les animaux ou presque. Au début la route était en
gravier mais les deux tiers étaient en sable entrecoupés de beaux
trous d'eau ou de boue. En petite voiture, cela aurait été juste
par bout! Mais avec le 4X4, on était vraiment en voiture...
Nous avons déjeuné vers 8h30 dans un
pique-nique où l'on doit se surveiller sans cesse et dîné vers
midi dans un autre du même type. Au cours de la journée nous avons
vu pas moins d'une cinquantaine d'autruches, des centaines de
springboks et d'oryx, des dizaines de bubales, des souris rayées,
trois messagers sagitaires (oiseaux-secrétaires), des dizaines
d'outardes Kori, et une bonne dizaine d'espèces de rapaces dont un
bateleur des savanes.
Bubales |
Un lion a marché le long de la route cette nuit! |
Oryx |
Mais l'événement du jour c'est sans
contredit le beau guépard observé durant quinze à vingt minutes ce
matin pendant qu'il s'abreuvait d'abord puis au moment où il
chassait les springboks. Wow! Fantastique! Deux chacals le
suivaient de loin, espérant lui voler une prise. Mais les
springboks l'ont vu sont détallés à toute vitesse! C'était beau
de les voir sauter sur leurs quatre pattes à la fois! Ils étaient
plus de cinquante et ont soulevé un nuage de poussière derrière
leur passage. Puis, s'étant arrêtés, ils ont guetté
attentivement s'ils étaient suivis.
Nous sommes arrivés au Camp Nossob
vers 14h45. Un peu fatigués par tant de route, nous avons pris
possession de notre chalet puis avons fait une bonne sieste dans un
vrai lit après avoir pris une bonne douche dans notre salle de bain
privée. C'est le gros luxe! Air climatisé en plus! Nous n'avions
pas le choix de prendre un chalet car il ne restait plus de place au
camping. Tant qu'à l'avoir payé, on va en profiter!
Vers 17h, nous allons à pied à une
cache dans le camp qui donne sur un étang à l'extérieur. Bel
endroit pour voir la faune et peut-être des lions. Quoiqu'ils aient
été observés à environ 10 km au nord d'ici toute la
journée...Nous aurions pu essayer d'aller les voir mais nos fesses
en ont assez de la route pour aujourd'hui.
Vers 18h30 nous soupons dehors devant
notre chalet. La température est d'environ 30 degrés mais comme
c'est très sec et que nous sommes à l'ombre, c'est confortable.
Après souper, nous retournons nous
assoir à la cache dans l'espoir de voir des animaux ou des oiseaux
intéressants.
Mardi le 7 février. Parc
transfrontalier Kgalagadi, Camp Bitterpan. Jour 39.
Encore une nuit mouvementée! À partir
de minuit et demie, on a entendu un lion rugir. De plus en plus près,
à toutes les vingt ou trente minutes. Tu te rendors et voici qu'il
te réveille! À trois heures du matin, il était juste devant notre
chalet, de l'autre côté de la clôture électrifiée. Je suis
sorti avec ma lampe frontale et plusieurs campeurs m'ont rejoint dans
les minutes qui ont suivies. Nous éclairions tous en direction de
l'endroit d'où venait le rugissement caverneux, profonds, intense.
Mais une petite dune nous séparait du roi des animaux. Ah qu'on
aurait aimé qu'il vienne passer à quelques mètres de nous. Mais
non, il s'est éloigné tranquillement en rugissant pour vivre sa vie
de lion. Wow! Wow! Quelle émotion! Pas surprenant que cela m'ait
pris près d'une demie-heure à me rendormir! Hélène a préféré
entendre les rugissements de l'intérieur sécuritaire du chalet.
Mais elle a bien apprécié aussi...
Vers 5h30, le lion rugit encore un peu
plus loin. Peut-être à un ou deux kilomètres. Nous nous faisons
un petit café et sortons du camp en camion pour essayer de le
trouver le long de la route. Plusieurs camions sont sortis avant
nous. Nous faisons deux fois le trajet où on pense pouvoir observer
le lion mais sans succès. Plus tard, vers 7h30, on le localise à
l'ouïe et malheureusement il est encore invisible à cause d'une
grosse dune située entre la route et l'animal. Tant pis!
Nous déjeunons au chalet et quittons
le camp Nossob à 9h. C'est l'heure la plus hâtive à laquelle on
peut emprunter la piste de 4X4 qui mène au camp Bitterpan où nous
avons un chalet pour ce soir. Nous roulons trois heures au total
pour nous y rendre. La première moitié est vraiment spectaculaire
et nous faire passer transversalement dans les dunes rouges couvertes
d'herbes vertes à cause des récentes pluies. Côté 4X4 c'est
agréable et facile car le sable humide permet de moins enfoncer. En
plus on monte et on descend comme des montagnes russes. C'est
amusant et c'est beau. La seconde partie est moins spectaculaire
car nous roulons maintenant dans le même sens que les dunes. Le
terrain est plus plat aussi. Au point de vue faunique, c'est le
désert. Six bubales, trois steenboks et un oryx. Plus quelques
rapaces mais vraiment peu.
Outarde Kori |
Steenbok |
Nous arrivons au camp pour dîner et
nous nous faisons lentement notre repas car il fait très chaud. Au
moins 32 degrés. Notre chalet, l'un des quatre du site, est composé
d'une petite chambre à deux lits qui donne sur la cuvette asséchée,
le «Pan» et sur un point d'eau où viennent régulièrement boire
lions et léopard. On verra...
Nous avons besoin d'une sieste en
après-midi mais il fait tellement chaud que la douche s'impose au
préalable. Après la petite sieste, on passe en mode lecture...à
l'ombre et au vent.
Deux sud-africains de Vryburg arrivent
en fin d'après-midi. Flip et Alfred. Ils sont bien sympathiques et
nous offrent de partager leur feu pour la cuisson ce soir. On va
aussi au point d'eau ensemble avec le gardien et Flip y pose une
caméra de surveillance qui permettra demain de voir ce qu'il s'est
présenté cette nuit.
Piste de lion récente... |
Nous admirons le coucher de soleil sur
les dunes, soupons vers 20h et passons le reste de la soirée à
jaser près du feu en espérant que des félins nous rendent visite.
Mercredi le 8 février. Parc
transfrontalier Kgalagadi, Camp Mata-Mata. Jour 40.
Nuit très tranquille à Bitterpan!
Pas de félin en vue. Nous nous levons vers 5h30 et observons la
nature s'éveiller lentement. Plus d'oiseaux que de mammifères.
Deux autruches ont vocalisé et sont ensuite venue picorer dans la
cuvette.
Après un bon déjeuner nous partons
une quinzaine de minutes après les deux sud-africains. On ne veut
pas les retarder si on roule plus lentement qu'eux ou si on arrête
souvent.
Le trajet de 52 km jusqu'à la rivière
Auob passe perpendiculairement aux hautes dunes rouges. Plus haute
et plus abrupte qu'hier pour plusieurs. Ce qui nous force à prendre
de la vitesse (25-30 km/h) pour réussir à la monter. L'une d'entre
elles a raison de notre manque d'expérience. Il nous faut reculer
peu avant d'avoir rejoint le sommet car nous sommes complètement
arrêtés par le sable fin et mou. On recule avant de trop nous
enliser et nous passons par une voie d'évitement qui monte à 45
degrés sur la moitié de la pente. Ça force mais ça passe!
Le paysage est plus sec dans cette
région. Quelques orages de moins et cela fait toute la différence.
On voit plus le sable rouge des dunes. Nous profitons de chaque
minute car c'est peut-être la dernière fois que nous avons
l'occasion de faire une vraie immersion dans le désert et les dunes.
C'est comme l'oeuf de Christophe Colomb... |
Un oeuf d'autruche près du chemin |
Nous ne voyons pas beaucoup d'animaux
jusqu'à la l'arrivée à la rivière. Une quinzaine d'oryx,
toujours magnifiques, six steenboks et plusieurs oiseaux de proie.
Et aussi, grâce à l'oeil de lynx d'Hélène, un œuf d'autruche qui
semble abandonné près du bord de la route. Pas de lion en vue, je
descend le photographier. Mais pendant les quinze kilomètres qui
suivent le long de la rivière, sur la route qui relie Twee rivieren
à Mata-Mata, nous sommes heureux de revoir des dizaines de
springboks, d'oryx et de gnous qui paissent dans l'herbe verte
croissant de le fond de la rivière à sec. Pas véritablement à
sec en réalité car l'eau coule sous le sable. Et il y a des points
d'eau artificiels régulièrement, peut-être à tous les dix à
vingt kilomètres.
Nous arrivons au Camp Mata-Mata à
midi. Nous sommes à la frontière avec la Namibie cette fois alors
que Nossob était à la frontière avec le Botswana. Nous achetons
un peu de bouffe au dépanneur et allons nous installer au camping.
Nous trouvons un site avec quelques arbres pour l'ombre et nous
complétons le couvert en installant notre bâche.
Après avoir lunché, nous allons faire
un tour à la piscine qui nous rafraîchit juste bien. Il faut dire
qu'il fait environ 33 degrés. Heureusement que le ciel est à moité
couvert de nuages car ce serait vraiment un four ici. Il vente un
peu aussi et cela aide à supporter la chaleur.
Vers 15h, nous allons nous installer
sous bâche et au vent pour lire un peu. Ensuite encore un peu de
piscine et c'est l'heure de la douche. Nous avons assez fait de
voiture aujourd'hui et au cours des derniers jours et donc nous
décidons de ne pas aller en safari ce soir.
Nous nous faisons à souper vers 18h30
et allons à la cache du camp qui est située juste en face de notre
site de camping et qui donne sur le point d'eau au centre de la
rivière Auob.
Il tonne et on a de gros éclairs qui
tombe dans les dunes en face mais pas d'animaux.
Nous nous couchons vers 20h30 et nous
nous endormons rapidement jusqu'à ce que notre système d'alarme du
camion fasse des siennes à deux reprises, vers 21h30 et 22h30 et
réveille tous les voisins du camping. Quelle honte! J'étais en
furie. Il avait fait cela il y a un mois mais cela n'était pas
reparu. J'ignore la cause. Un grain de sable, la pluie qui fait un
court-circuit? J'espère que cela ne se reproduira plus.
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